Aux frontières du réel

Roland Lehoucq (CEA Paris-Saclay)

Dans la saga Alien, l'humanité est capable d'explorer l'espace interstellaire pour exploiter les richesses des exoplanètes, qu'elle colonise parfois. Dans cet exposé nous discuterons des vaisseaux mis en scène, des planètes explorées, et des moyens mis en oeuvre pour que le voyage soit humainement supportable.


L'androïde, figure centrale d'Alien ?

Frédéric Landragin (CNRS/ Lattice)

Même si le monstre extraterrestre est sans conteste le sujet principal de la saga Alien, il est un personnage que l'on retrouve systématiquement et qui joue un rôle essentiel - si ce n'est central - dans l'intrigue : l'androïde. Dans le premier film, il est incarné par Ash, machine anthropomorphique dérangeante, sarcastique, et dont la conception repose sur la biomécanique caractéristique du design du film. Nous interrogerons les capacités d'interaction et de dialogue d'Ash, en les comparant avec celles de l'autre machine présente dans le vaisseau, à savoir l'ordinateur central appelé Maman.


De 2001 à Alien : les métamorphoses du posthumain

Sam Azulys (NYU-Paris)

2001 et Alien figurent très certainement parmi les films les plus intéressants dans leur traitement visionnaire des thèmes posthumanistes au cinéma. Kubrick et Scott entreprennent en effet de questionner l'évolution et la survie de l'espèce humaine dans le futur en les confrontant à des formes de vie et d'intelligence différentes de la sienne. Dans Alien, la figure du posthumain est représentée par l'androïde Ash, une créature biomécanique fourbe et criminelle. Mais l'Alien n'est-il pas lui aussi une créature biomécanique et, par conséquent, le produit d'un processus évolutif artificiel ? Nous nous efforcerons de montrer en quoi la vision du posthumanisme de Scott diffère singulièrement de celle de Kubrick et pourquoi elle nous renvoie à une métaphysique radicalement pessimiste.


Anatomie d'un monstre

Jean-Sébastien Steyer (CNRS/ Muséum national d'Histoire naturelle)

Alien est un monstre imaginaire qui emprunte les traits les plus repoussants de la biodiversité réelle. Quels sont ces caractères et où classer ce superprédateur dans l'arbre du vivant ? Avec son développement d'insecte parasitoïde et sa morphologie composite, Alien est un véritable casse-tête pour les (exo)biologistes. Que peut-on en dire à la lumière de nos connaissances actuelles ? Le paléontologue J.-Sébastien tentera de disséquer le monstre.


Comme un Tableau de H.R. Giger

Christopher L. Robinson (École polytechnique/ LinX)

Dans son travail sur Alien, H.R. Giger exploite les mêmes traits stylistiques, motifs visuels et thèmes que nous retrouvons dans son imagerie biomécanique. Une étude précise de cette imagerie illustrera comment les phases du cycle de reproduction d'Alien sont préfigurées dans l'œuvre de l'artiste. Ses dessins conceptuels pour le film effacent les frontières entre corps et machines et, ce faisant, anticipent les angoisses concernant le génie génétique, le biopouvoir et le transhumanisme. Ceci explique en partie pourquoi, quarante ans après sa conception, l'Alien de H.R. Giger continue de nous fasciner et de nous horrifier comme aucun autre monstre de notre époque.


Alien ou le combat entre sexe et reproduction

Marika Moisseeff (CNRS/ Laboratoire d'anthropologie sociale du Collège de France)

Dans Le Meilleur des mondes, les enfants sont fabriqués au moyen d'utérus artificiels et les humains « civilisés » ne sont plus assujettis à la reproduction naturelle perçue comme une infâme chose du passé susceptible d'entraver l'accès à la jouissance. L'érotisme inscrit pleinement dans la culture tandis que la procréation naturelle rabaisse au niveau de la nature et, par là, de l'animalité. De fait, la science-fiction contemporaine, et la saga Alien en est un exemple paradigmatique, tend à dépeindre la viviparité comme une forme de parasitisme animalisant. C'est pourquoi l'aspect parasitaire et pullulant de la reproduction des insectes en font des personnages de choix. Le combat de la culture contre la nature y est dépeint comme une bataille sans fin entre l'humanité et des espèces extraterrestres insectoïdes tendant à parasiter les humains pour se reproduire. Ces représentations sont sous-tendues par l'idée selon laquelle plus une espèce est évoluée moins elle procrée. De fait, la démographie déclinante des sociétés occidentales contemporaines tend à la fois à être perçue comme le signe de leur degré d'évolution culturelle et comme un objet de préoccupation face à la prolificité de populations jugées moins évoluées. Les œuvres d'anticipation qui ont trait à la reproduction reflètent l'évolution contemporaine des représentations et des pratiques occidentales se rapportant à la différence des sexes et aux distinctions culturelles. En les rabattant sur une distinction entre espèces, la puissance des images qu'elles produisent, dès lors qu'elles sont analysées, permet de révéler la violence des rapports qui sont en jeu entre les sociétés. La science-fiction peut, de ce point de vue, être abordée comme une véritable mythologie contemporaine qui s'élabore pour une bonne part dans les studios de Hollywood comme le montrent les extraits des films qui seront présentés. Du sexe et du gore en perspective...

contact: christopher.robinson@polytechnique.edu
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